Je crois qu’il y a un besoin urgent d’aider nos jeunes aujourd’hui à devenir des adultes hommes et femmes agissants.
Notre société du « tout, tout de suite » sans grands efforts, nous a permis de nous installer dans un confort, certes agréable, mais qui en réalité nous entraîne de façon vertigineuse vers la médiocrité et le contentement facile. L’excès de confort, la surconsommation, et la facilité d’accès à l’information, étouffent le goût de l’effort mais aussi les désirs d’aventure et de conquête.
On le dit souvent, très souvent ! De nos jours, les jeunes passent une grande partie de leur temps sur internet, sur les réseaux sociaux, à jouer à des jeux ou regarder des vidéos, et consacrent beaucoup moins de temps à des activités hors écran, comme lire, dormir ou voir leurs amis. Cela n’est pas sans conséquence : ils grandissent plus lentement, sortent moins à l’extérieur, sont beaucoup plus apathiques.
Ce que l’on dit moins en revanche, c’est qu’il y a énormément de positif dans notre jeunesse d’aujourd’hui, la génération Z, qu’on surnomme aussi les digital natives. En quête de sens dans tout ce qu’ils entreprennent, ils ont réellement une conscience aigüe des enjeux et des défis à relever très jeunes, plus que les générations passées en leur temps. Nés à l’ère du numérique, biberonnés aux réseaux sociaux et hyper connectés, ils ont beaucoup plus facilement accès à l’information.
Et là réside toute la contradiction de cette jeunesse que j’accompagne depuis maintenant près de 20 ans. À travers leurs confidences, leurs espoirs et leurs craintes aussi, j’ai rencontré des jeunes conscients et motivés, avec une vision du monde globale mais qui éprouvent du mal à trouver l’énergie suffisante pour transformer leur engouement en actes, et à aller jusqu’au bout. Frantz Fanon, écrivait :
« Chaque génération doit, dans une relative opacité, découvrir sa mission, l’accomplir ou la trahir. »
Interprété en générale comme une injonction aux jeunes de jouer leur rôle dans le destin collectif, cette phrase qui commence « les Damnés de la Terre », prend un sens plus profond dans la pensée de Fanon : les nouvelles générations ne doivent pas juger trop sévèrement celles qui les ont précédées. Leur mission sera aussi de faire sens aux précédentes, malgré l’opacité de leurs actions, malgré leurs erreurs ou leurs errements, et de trouver sa vocation pour œuvrer dans ce monde, car n’est-ce pas le devoir de tout-à-chacun ? Œuvrer pour le bien et la justice ?
Or pour accomplir son devoir, sa mission, il me semble que chaque jeune fille, chaque jeune garçon, en grandissant, devrait réfléchir à trois éléments qui me paraissent indispensable pour devenir un adulte agissant :
1. Avoir un idéal, un objectif. Allah, exalté soit-il, nous a créé sur Terre pour un temps limité et Il nous a doté d’une mission : participer à l’établissement d’un monde juste.
Lorsqu’Allah a annoncé aux anges qu’il dotait l’Homme d’une fonction, de la Khilafa*, les anges ont interrogés « Vas-tu mettre sur terre ceux qui vont y semer le mal et verser du sang ? ». L’homme est appelé à choisir la voie qu’il prendra et ce dès son plus jeûne âge.
Les jeunes,
Emploierez-vous votre force et votre vigueur, vos capacités, au service du bien et du juste ?
Vous comporterez-vous en accord avec votre nature physique, spirituelle, mentale et éthique ?
Vous comporterez-vous avec cette Terre et ses ressources en respectant ceux qui la partagent avec vous : les minéraux et les végétaux, les animaux, et les autres êtres humains qui partagent cette planète mais qui ne vivent pas comme vous, dans un occident privilégié ?
Définir donc un idéal et des objectifs pour accomplir notre mission sur Terre répond aux désirs du cœur vivant et animé de l’Homme et c’est par là que tout commencera.
2. Avoir confiance en soi et avoir de l’audace pour oser se lancer et poursuivre ses objectifs. Chers parents et éducateurs, vous devez absolument faire confiance aux jeunes pour que les jeunes trouvent à leur tour confiance en eux. Avoir confiance signifie aussi accorder une certaine autonomie, dès l’enfance, dans un cadre qu’on aura fixé, avec des règles claires à ne pas transgresser. Faire confiance c’est aussi accorder aux jeunes des responsabilités et les laisser les assumer.
L’idéal doit aussi se concrétiser par l’élaboration et la mise en œuvre de projets concrets. Et encourager le jeune dans la concrétisation de son/ses projet(s) lui permet de gagner en confiance.
3. Avoir de la fermeté dans la volonté pour aller jusqu’au bout. Et j’ai le sentiment que c’est le plus gros défi à relever par nos jeunes d’aujourd’hui. Tant de projets, tant de bonnes œuvres, tant d’actions, sont abandonnées à cause de la faiblesse de la volonté.
Notre modèle sociétal est en difficulté sur ces trois points : le profit économique et le confort matériel sont une priorité absolue, et nous devons pouvoir accompagner nos jeunes pour canaliser leur force et leur vigueur au service de leurs idéaux sans tomber dans un train-train dont la seule perspective, le seul horizon est borné au matériel.
Comment avoir une volonté ferme pour persévérer ? Comment acquérir suffisamment de confiance pour oser entreprendre ? Comment incarner et respecter ses valeurs quand la société toute entière dérive et est en perte de valeurs morales ?
Plusieurs questions auxquels j’essaierai de répondre au fur et à mesure, en apportant mes modestes conseils, si Dieu le veut.
Meriem E.
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