Crise écologique ou crise spirituelle ?

La crise écologique est là.

Aujourd’hui, on ne peut plus feindre l’ignorance devant l’accumulation des alertes et tant cette question revient dans les différents médias. Et puis, la nature nous envoie des signaux forts qu’on ne peut plus nier. Sans entrer dans trop de détails scientifiques, mes connaissances à ce sujet étant limitées, si l’on s’appuie sur le dernier rapport de la GIEC (Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat) on y apprend que les politiques climatiques en place sont très insuffisantes et que nous sommes bien loin de la trajectoire qui nous permettrait d’atteindre les objectifs fixés par la communauté internationale.

Par ailleurs, les scientifiques sont formels :  l’influence de l’Homme sur le réchauffement climatique de la planète est sans équivoque, « les augmentations observées des concentrations de gaz à effet de serre depuis 1750 sont causées par les activités humaines ».

D’après les scientifiques toujours, le réchauffement climatique est sur le point d’atteindre les +1,5°C, seuil limite et néfaste pour la planète entière qui entrainerait des conséquences dramatiques : au-delà de l’impact sur la météo et des hivers doux que nous connaissons déjà depuis quelques années, la hausse des températures entraine des conséquences désastreuses sur la planète : inondations, canicules, incendies, accès à l’eau potable de plus en plus difficile, rendements agricoles diminués, perte de la biodiversité…

Ce n’est pas tout. La nature est certes en danger mais l’Homme aussi. La diminution drastique voire la disparition, des ressources dont nous disposons au quotidien et sans lesquelles nous sommes incapables de survivre, entrainerait conflits, explosion du nombre de réfugiés climatiques qui n’auraient plus de subsistance, guerres, etc.

Comment continuer à vivre dans une planète que nous détériorons ? La question de la préservation de l’environnement, même si celle-ci est récurrente dans les médias, reste, pour beaucoup, un angle mort dans notre quotidien …

Sans prêter attention à toute la gesticulation politique autour du réchauffement climatique, les réponses techniques et économiques proposées aujourd’hui, sont certes nécessaires mais elles resteront insuffisantes voire inefficaces si nous n’entrevoyons pas le fond du problème… Car si nous replaçons la crise environnementale dans une vision plus globale et une compréhension plus large du monde, et que nous recherchons les causes profondes qui nous ont amené à cette situation, nous comprendrons qu’il ne s’agit pas uniquement d’une absence de conscience écologique généralisée.

Non. Les causes véritables de cette crise sont à chercher dans la pensée moderne de l’Homme et dans son cœur…

Car la crise écologique que l’on connait aujourd’hui, est le résultat de l’arrogance de l’Homme. L’Homme a objectifié la nature, l’a assujetti à sa volonté, en se surestimant par rapport à la terre, en la surexploitant, sans référence à aucune éthique, se persuadant que de nouvelles technologies viendraient voler à son secours, le protéger des risques qu’il a lui-même créé. La modernité et la technologie ont rendu l’homme aveugle et suffisant. 

La crise écologique trouve son origine dans la crise morale et spirituelle que nous vivons aujourd’hui.

N’est-ce pas Allah qui a créé et mis des ressources à la disposition de l’Homme. Et ne nous a-t-il pas ordonné d’approcher ses ressources avec respect et équité ?

Le Coran nous invite à la réflexion autour de la Création, Allah nous dit que ses Signes (Aya) se retrouvent dans la création des cieux et de la terre, dans l’alternance de la nuit et du jour, dans le navire qui vogue, dans l’eau qui descend du ciel, dans la propagation des bêtes, dans la variation des vents et des nuages soumis entre le ciel et la terre (sourate 2, verset 164). Comment traitons-nous ses Signes divins aujourd’hui ? Au mieux nous les observons… Mais œuvrons-nous pour leur préservation et leur protection ?

Et pourtant l’impératif écologique est bien présent dans les sources islamiques, nous enjoignant à vivre en harmonie avec la nature.

Le consumérisme et la mondialisation ont provoqué un rapport utilitaire à l’environnement et de domination de la nature. Il devient urgent de sortir de ce rapport.

La surconsommation de nos sociétés privilégiées qui veulent consommer toujours plus, sans aucun respect pour les saisons, pour les cycles, menace la biodiversité, la nourriture devient nocive, les fruits et légumes ne sont plus nutritifs, ils deviennent stériles, les animaux diffusent des maladies… Tout cela est la conséquence de notre rapport à l’environnement.

Si notre relation à Allah est mauvaise, notre rapport à la terre l’est aussi !

Car la terre est une création qui obéit à Dieu, et c’est avec Sa permission, qu’elle donne ses bienfaits à l’Homme. Nous nous devons de cultiver une relation juste et durable avec la nature afin qu’elle nous fasse profiter de ses bienfaits.

« Il n’est pas de bêtes sur la terre, pas d’oiseaux volant de leurs ailes qui ne forment, comme vous, des communautés […] » (sourate 6, verset 38). Quel respect avons-nous pour ces communautés ? Comment sont traités les animaux afin que nous puissions nous rassasier en tout temps ?

Notre bien aimé Prophète ﷺ , qui incarnait la parole divine en tout point, agissait avec bonté et bienveillance envers les animaux, les végétaux et même les minéraux.

Plusieurs hadiths nous rapportent son attitude bienveillante et respectueuse envers des oisillons, des chameaux, des fourmis, des chevaux. Il ﷺ lui arrivait même d’invoquer Allah pour des animaux, comme il le fit pour le chameau de Jâbir (Al Boukhari, hadith n°2718).

Cette même bienveillance se retrouvait dans son rapport aux végétaux, l’Envoyé de Dieu ﷺ avait par exemple une relation particulière avec les arbres ; une histoire assez extraordinaire illustre ce rapport profond et bienveillant que notre Prophète ﷺ entretenait avec la nature. Alors qu’il avait pour habitude de faire ses prêches sur le tronc d’un palmier, on lui fit construire un minbar. Le jour ou le prophète utilisa le minbar pour la première fois, l’on entendit des gémissements de tristesse qui provenaient du tronc du palmier. Le prophète ﷺ interrompit alors son prêche et alla réconforter le palmier, lui caressant le tronc. (Al Boukhari, hadith n°3583).

Les minéraux également bénéficiaient de la bienveillance et de la miséricorde de notre Prophète ﷺ. Un autre hadith qui nous démontre l’amour que portait le Prophète ﷺ à la Création divine, est celui ou Il ﷺ dit à propos du mont Uhud, « Cette montagne nous aime, et nous l’aimons » (Al Boukhari, n°3367).

Le Prophète aimait et respectait la Création d’Allah.

Nous sommes loin ici du rapport purement matérialiste que nous entretenons avec notre univers, notre Prophète ﷺ prenait soin de la nature, animé ou inanimé, et des animaux. Il les respectait et les aimait.

On voit au travers de nos sources scripturaires, qui regorgent d’exemples, qu’il est de notre devoir de préserver et de sauvegarder toutes les composantes de la création divine. 

Pour celle et celui qui est en quête de Dieu tout est signe (Aya). A ce sujet on rapporte qu’un compagnon affirma que quand le Prophète les avait quitté, Il avait tellement développé en eux leurs perceptions intérieures que même le mouvement d’un oiseau dans le ciel était pour eux un enseignement ! Allahou Akbar !

Alors que peut-on faire ?

Une simple recherche sur internet vous permettra de trouver une liste d’actions à entreprendre pour réduire notre empreinte écologique.

Mais il faut avant tout développer une profonde relation avec la nature à l’instar de notre bien aimé Prophète, qui passa sa jeunesse comme berger et qui avait ce contact avec la nature et avec les animaux dès les premières années de sa vie. Dans nos sociétés urbanisées, tout nous déconnecte de l’environnement, nous en avons perdu notre conscience géographique : nous devons aller vite, prendre la voiture pour arriver vite, produire vite pour consommer vite… Que dire de notre hyperconnexion qui a fini par nous condamner à la séparation de notre esprit et à l’étouffement de notre âme…

Nous devons impérativement renouer notre contact avec la nature afin de forger avec elle une vraie relation. Nous devons nous offrir, ainsi qu’à nos enfants, un contact régulier avec la nature, sortir du virtuel pour entrer dans le réel.

Notre mauvaise relation avec la nature n’est que le reflet de notre mauvaise relation avec Dieu et  Son envoyé ﷺ. Revenir à Allah et à son Messager ﷺ, au Coran et à la Sunna ; nous amènera forcément à une relation plus harmonieuse et à une préservation de notre environnement.

Revenir à une unité saine avec la nature, n’est-ce pas là un acte d’adoration, une des missions pour lesquelles Allah nous a responsabilisé, afin que nous soyons des gestionnaires humbles de sa Création.

La réponse à cette crise est dans le spirituel, dans la voie médiane.

En cultivant une relation juste et durable avec la nature, à l’instar du Prophète ﷺ qui n’était pas dans un rapport de domination, et en invoquant Allah, elle nous fera profiter de ses multiples bienfaits.

« Les sept cieux, la terre et ce qu’ils contiennent louent Dieu. Il n’existe rien qui ne célèbre Sa Louange, mais vous ne comprenez pas leur louange […] » (sourate 17, verset 44).

Au-delà de l’émerveillement que suscite l’observation de la nature, sa beauté et sa profondeur, nous devons dans notre mise en pratique l’aimer et la respecter.

Cela devient une question essentielle et vitale, aujourd’hui plus qu’hier.

Et Allah est le plus Savant.

Meriem.

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