بِسْمِ اللَّـهِ الرَّحْمَـٰنِ الرَّحِيمِ

En tant qu’éducateurs, il nous arrive de rencontrer des parents qui doutent de leur rôle ou de la place de la famille dans l’éducation des enfants, notamment à l’âge « adolescent » car « ils ne les écoutent pas ou plus ».

Et pourtant il ne fait aucun doute : la famille joue un rôle primordial dans l’éducation des enfants. Ni l’école, ni aucune autre institution ne saurait se substituer à cela, la famille est indispensable à l’équilibre et au développement de l’enfant. Aucun équivalent n’existe à la stabilité familiale et ce qu’elle peut offrir à un enfant.

Et les parents, premiers responsables de l’éducation, posent le cadre et l’ordre social dans lequel les enfants grandiront.

C’est ainsi que l’éducation des enfants débutent bien en amont de leur venue, lorsque les époux se choisissent, car l’éducation est le résultat des efforts conjugués de deux personnes. Notre Prophète ﷺ a dit « Choisissez bien les mères de vos enfants, car la procréation nécessite une stratégie. » (Ibn Madjah).

Le choix du conjoint constitue une étape fondamentale dans l’éducation des enfants, comme cette parole qu’adresse le compagnon Uthman ibn Abi Al As Al Thaqafi à ses enfants quand il leur conseilla : « Mes fils, l’époux est à l’image de l’agriculteur, que chacun voie où il plante sa culture. La mauvaise terre n’engendre que rarement. Soyez donc exigeants, quitte à ne pas vous marier dans l’immédiat. »

L’entente et l’harmonie au sein du couple sont donc essentielles pour l’éducation, le lien conjugal étant le pivot de la structure familiale et éducative.

De nos jours, cette structure familiale est ébranlée avec la montée en puissance de l’individualisme qui érode les liens familiaux, l’individu ne voulant plus « se sacrifier » pour sa famille et chacun recherchant son bien-être personnel. Or l’on sait que maintenir les liens de parenté est d’une importance capitale dans notre religion, Allah nous a ordonné de maintenir ses liens de parenté et de ne pas les rompre.

Le Prophète ﷺ nous a enseigné :« Apprenez de votre généalogie ce qui vous permet d’entretenir vos liens de parenté, car l’entretien des liens de parenté répand l’amour et l’affection entre les proches parents, prolonge la vie et multiplie les biens » (Ahmad, Al Tirmidhî).

En cela, lorsque nous parlons de l’importance de la famille dans l’éducation des enfants, nous entendons la famille au sens élargie qui vient en appui à l’action éducative du couple/parents.

Notre modernité a complètement déconstruit l’institution du mariage et de la famille.

La nucléarisation de la famille a commencé par ébranler ses fonctions d’antan, réduite dans les manuels contemporains de sciences économiques et sociales à une unité économique, à une simple unité de production de richesse et de consommation et à des fins utilitaristes…

Ensuite est apparue la famille « à la carte » à la durée de vie limitée, dont la composition n’est plus certaine (recomposée, monoparentale…), avec des couples en « union libre », vivant séparément par choix, ce qui a fini par créer une instabilité assumée et même valorisée car elle permettrait, selon ses défenseurs, l’amour, l’indépendance et l’épanouissement personnel.

Aujourd’hui la PMA et les lois « bioéthiques » font bouger les lignes de la filiation, de la monoparentalité nous passons à la pluri-parenté ou parenté plurielles … À travers notamment la culture, on rééduque les adultes et on éduque les plus jeunes pour « bien penser », pour déconstruire le modèle familiale « traditionnelle et désuet » au profit de la famille « moderne et tendance » dont les membres seraient unis par des liens « d’amour », etc.

Ces formes de famille « modernes » censées cultiver l’amour, l’indépendance et l’épanouissement personnel, génèrent en réalité instabilité solitude et souffrance. Ce modèle de famille, sans parler de leur effet profondément pervers dans notre vie en société, nous mène tout droit vers un abîme de complexité et de détresse, car profondément injuste, et cache laborieusement les difficultés extrêmes que vivent beaucoup de mères célibataires, la souffrance des enfants de parents séparés ou privés d’un de leur parent, la souffrance des personnes âgées enfermés dans des hôpitaux, etc.

Avoir conscience de ces dérives nous permet de ne pas tomber dans les pièges illusoires de cette sacro-sainte liberté et doit nous mener à réaffermir notre modèle familial islamique qui en protège chaque membre, même les plus faibles (nos enfants et nos anciens).

Le Coran et la Sunna nous décrivent la famille comme une norme choisie par Dieu, à la valeur universelle. En Islam, la famille a été codifiée de façon précise en accordant à tout un chacun des droits et des devoirs, et suivre ce modèle apporte équilibre et stabilité. Notre éthique ne nous permet pas de vivre individuellement, en recherchant notre épanouissement personnel, sans nous préoccuper des autres, et les premiers à bénéficier de notre aide et de notre attention doivent être les membres de notre famille.

Le modèle de la famille islamique garantit à chacun le droit au respect entier et à l’affection des siens, grands-parents, parents et enfants, le rejet des personnes âgées ou le délaissement des jeunes adolescents n’ont pas leur place en islam.

Dans la famille musulmane, les parents assurent la direction morale et matérielle de toute la famille et pourvoient à l’éducation des enfants.

Le Prophète Mohammed ﷺ nous a indiqué le rôle et les missions du père et de la mère notamment à travers ce hadith : « Chacun d’entre vous est un berger et chacun d’entre vous sera interrogé concernant son troupeau.
Le dirigeant est un berger, l’homme est un berger pour les gens de sa maison, la femme est une bergère pour la maison de son époux et pour ses enfants.
Ainsi chacun d’entre vous est un berger et chacun d’entre vous sera interrogé concernant son troupeau ».

Dans ce cadre, l’amour et l’affection donnés aux uns et aux autres prennent la forme d’obligations cultuelles divines. Comme pour le couple, cela crée une harmonie familiale qui permettra de coordonner l’action éducative dans la famille (au sens large). Une éducation de qualité est une éducation dans laquelle toute la famille est unie pour le bien commun des enfants.

De cette façon, l’éducation des enfants s’inscrit dans un processus : le mariage, la reproduction, l’éducation des enfants, l’entretien des liens de parenté, la vie de famille, et participent ainsi à l’agrandissement de la communauté et au renouvellement des générations.

Et le Prophète ﷺ a dit : « Mariez-vous et augmentez votre nombre, car en vérité je rivaliserai avec les autres nations par vous tous (c’est-à-dire votre nombre) le Jour de la Résurrection. ». Et Il ﷺ a dit, ou plutôt Il ﷺ a invoqué pour qu’Allah donne à Anas Ibn Malik « une abondance de richesse et d’enfants. »

J’invite donc les parents à prendre quelques minutes afin de conscientiser le rôle fondamental qu’ils jouent dans l’éducation de leur enfant et dans la consolidation d’une communauté nombreuse et d’une génération future solide. Soulignons à quel point l’action des parents est d’une importance capitale car l’éducation demande sacrifices, fatigue et efforts constants.

Soulignons particulièrement les efforts de la mère, qui constitue le socle de la vie de son enfant dès son premier battement de cœur alors qu’il n’est encore qu’un fœtus en son sein. Elle est le pilier de la vie du foyer et il nous incombe à tout un chacun de valoriser sa colossale contribution, à l’heure ou sa parentalité est mise socialement à rude épreuve.