Des convertis et leurs enfants, une foi et des racines

Assalam alaykoum wa rahmatoullah,

Je vous retrouve aujourd’hui dans la rubrique « conseils aux jeunes » pour une entrevue un peu spéciale…

Tu es enfant, jeune adulte, parent, musulman convaincu, et fier de l’être… Même si ce n’est pas toujours facile (les défis ne manquent pas ! ) tu essaies de te maintenir sur le droit chemin et surtout de faire de ta spiritualité le centre de ta vie, et non pas un simple accessoire qui enjoliverait ton quotidien. Seulement voilà, tu as une petite particularité : ta famille ne suit pas le même chemin que toi.

Même si cette situation tend à se généraliser en France comme ailleurs, les familles musulmanes demeurent généralement issues de l’immigration, ce qui présuppose que la foi islamique est présente dans l’entourage, même s’il s’agit parfois plus d’un Islam plus culturel que conscient. Toi (et moi aussi, du coup), tu vis quelque chose de…différent.

Tu te confrontes à des personnes qui n’ont pas la même manière de penser, de faire, et d’appréhender la vie que toi. Malgré tout, ils demeurent ta famille, et tu ne peux pas t’en détacher. Ils sont une partie intégrante de ta vie, qui est censée être conditionnée par ta foi…Ça paraît vraiment compliqué !

Avant toute chose, laisse-moi te rappeler ce si beau hadith :

عن عبد الله بن عمرو بن العاص رضي الله عنهما عن النبي صلى الله عليه وسلم قال: «ليس الواصل بالمُكَافِئِ ، ولكنَّ الواصل الذي إذا قَطعت رحِمه وصَلَها».
[صحيح] – [رواه البخاري]

‘Abdallah ibn ‘Amr ibn Al-‘Âṣ (qu’Allah l’agrée, lui et son père) relate que le Prophète (sur lui la paix et le salut) a dit : « Celui qui respecte les liens de parenté n’est pas celui qui se contente de fréquenter ceux de sa famille qui le fréquentent. Celui qui respecte les liens de parenté, c’est celui qui s’efforce d’avoir des liens avec eux alors qu’ils ont coupé les ponts avec lui. » – Rapporté par Al-Bûkhârî.

Une nouvelle fois, une parole de notre Prophète (ﷺ) vient éclairer le chemin. En réalité, ce hadith suffit à résoudre toutes nos interrogations : cherchons ensemble comment l’appliquer à notre contexte familial.

L’Islam est ma priorité, mais je ne peux pas me séparer de ma famille…

Bien sûr, c’est normal. Et ta religion ne t’exhorte pas à le faire…loin de là !

Comme nous l’avons vu précédemment, l’Islam nous enjoint, non seulement à respecter les liens de parenté,  mais à renouer ces derniers si certaines personnes de la famille ont fait en sorte de les rompre. L’Islam est porteur d’un message de fraternité, d’union et d’amour. Si notre foi nous engage à respecter tout être vivant, animal ou végétal, à saluer tout musulman que l’on croise, même celui qu’on ne connaît pas, à faire preuve de compassion envers le faible et le nécessiteux, à secourir l’opprimé et l’orphelin…qu’en est-il des personnes qui nous sont les plus proches, celles avec qui nous avons vécu tant de choses et de qui nous tenons tant de souvenirs ?

L’être humain n’est pas fait pour vivre seul, c’est un être social, et la famille est justement ce qu’on appelle une instance de socialisation primaire…ne t’en fais pas, nous n’allons pas nous enfoncer dans des détails sociologiques qui n’ont pas leur place ! Tout ça pour dire que la famille a une importance cruciale dans nos vies, parce que cela fait partie de la nature de l’Homme qui vit en groupe. C’est au sein de ton foyer (qu’il s’agisse de la famille au sens restreint, parents-frères-soeurs, ou au sens large, grands-parents, oncles, cousins…) que tu as fait tes premiers pas, que tu as appris à grandir, à aimer, à vivre tout simplement. Ce sont ceux au milieu desquels tu as évolué…

Soyons honnête, tu ne les remercieras jamais assez (tes parents notamment).

Dès lors, on comprend bien mieux pourquoi l’Islam donne tant d’importance à la famille et aux liens familiaux…Un principe bien islamique que corrobore ce second hadith de notre Prophète (ﷺ) :

«عن عائشة رضي الله عنها قال رسول الله صلى الله عليه و سلم : خيركم خيركم لأهله وأنا خيركم لأهلي»

D’après ‘Aicha (qu’Allah l’agrée), le Prophète (que la prière d’Allah et Son salut soient sur lui) a dit: « Le meilleur d’entre vous est celui qui est le meilleur avec sa famille et je suis le meilleur d’entre vous avec ma famille»
(Rapporté par Tirmidhi dans ses Sounan n°3895 qui l’a authentifié et il a également été authentifié par Cheikh Albani dans sa correction de Sounan Tirmidhi)

Ma famille est tolérante ! Ou pas…

Tous les convertis (et leurs enfants) ne se retrouvent pas dans les mêmes situations, cela va sans dire. Pour certains, tout se passe sans le moindre souci, l’ouverture d’esprit et la bonne entente sont de mise. Pour d’autres, les entrevues familiales ne se passent sans certains accrocs et pour d’autres encore…C’est la guerre !

Je ne prétends pas avoir toutes les solutions, même en l’ayant vécu :  mais s’il y a une chose qui est sûre, c’est que le rejet ne résoudra jamais rien.

Que l’on soit clairs : on n’obéit ni ne satisfait la créature au détriment du Créateur. Mais ce même Créateur, comme dit ci-dessus, nous amène à nous poser les bonnes questions pour que tout se déroule pour le mieux.

Autant la beauté de la vie de famille réside dans des choses simples (un dessert spécial, un moment inoubliable, un jeu en commun…) autant en résoudre les problèmes n’est pas si compliqué qu’on pourrait le penser. Cette phrase peut paraître clichée, mais la clé est toujours la même : la communication.

Même si tu as l’impression de ne pas être écouté, ignoré (ce qui revient à être lésé dans ton droit d’être entendu) sache que parfois un mot a beaucoup plus d’effet qu’un déluge de paroles…Mettons les reproches, l’animosité et la rancœur de côté le temps d’une discussion.

Au final, ces conseils s’appliquent à toutes les familles ! Parfois, la foi (consciente ou culturelle) d’une famille n’est pas une garantie que tout se passe bien ! Malheureusement….

Le plus important demeure de ne pas rester inactif. Allah ne nous tiendra pas rigueur si jamais notre famille ne nous accepte pas comme nous sommes malgré toutes nos tentatives…En revanche, nous sommes responsables d’essayer, et ce quelle que soit la probabilité d’échec.

L’isolement n’est pas une solution, et le fait d’apparaître comme le rebelle de service ne signifie absolument pas que l’on applique notre religion comme il se doit et que nous en sommes fiers. Bien au contraire…Les actes ont tellement plus d’effet que les paroles : démontrons par notre comportement, notre respect des valeurs familiales (tant qu’elles ne contredisent pas les principes islamiques) et notre capacité à pardonner à aller vers l’autre, que nous méritons notre place dans le cœur de nos proches, quelle que soit notre confession.

Qu’Allah fasse de nos familles des havres de paix, qu’Il guide nos proches vers Sa lumière et nous maintienne sur le droit chemin.

Amine !

Inès G.

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