REVUE LITTÉRAIRE : L’HISTOIRE DES OUIGHOURS
Roman historique aux éditions Al Bayyinah.
Auteur : Najîb al Kîlânî (1931-1995) est un auteur égyptien. Diplômé en 1960 de la Faculté de médicine Kasr Al-Ainy, université du Caire, il écrit des récits, des poèmes et des fictions, notamment de la fiction historique.
Avis de la rédaction :
C’est un récit poignant et criant de vérité que nous livre Najîb al Kîlânî à travers les lignes. Sa plume nous transmet l’histoire du fier et sage peuple musulman du Turkistan oriental envahit par la Chine d’un côté et pris en tenaille par l’URSS de l’autre, à la veille de la 2nde Guerre Mondiale. C’est une lutte entre l’islam et le communisme qui nous est contée à travers ce roman historique.
Installés dans la province du Xinjiang [anciennement le Turkistan oriental], vaste région peu peuplée au nord-ouest de la Chine, les Ouïghours sont un peuple turcophone. La plupart des 12 millions d’Ouïghours sont de confession musulmane, tandis que certains sont de confession chrétienne. ²
Ce récit empreint de nostalgie et de ressentiment envers l’injustice, évoque la colonisation sournoise du Turkistan oriental par la Chine et l’URSS : des méthodes que l’on retrouve également dans l’histoire de la colonisation de l’Algérie et qui font écho à l’actualité : des campagnes de désinformation massive, la destruction de l’identité culturelle et historique d’un peuple, l’assassinat des savants et la séparation de familles entières. C’est une tempête funeste qui s’abat sur une terre musulmane.
L’auteur décrit une politique d’assimilation forcée, entreprise sur le peuple Ouïghour. Le Turkistan oriental, pays indépendant, ayant connus deux républiques, s’est vu colonisé et renommé la province du Xinjiang.
Le livre nous invite à une réflexion sur l’état actuel de la communauté musulmane, mettant en avant la foi inébranlable et la croyance en la toute-puissance d’Allah. L’auteur établit un parallèle entre les événements passés, toujours d’actualité puisque l’envahissement du Turkestan oriental par la Chine commence vers 1930, et les événements contemporains. Il souligne ainsi la nécessité d’apprendre du passé afin de ne pas reproduire les mêmes erreurs.
Voici quelques extraits :
“ Il frappa la terre de son pied et cria :
_ La vie dans ce monde est courte. Comme elle est magnifique la vie éternelle ! Allah a voulu que la demeure de l’Au-delà soit la demeure du séjour permanent et de l’éternité. Je m’étonne de voir des pays ou des individus entrer en conflit pour une jouissance futile et éphémère. […] Je crois en Allah. Aujourd’hui le monde n’adore pas Allah. Le monde se prosterne devant la force et la peur. C’est un monde d’esclaves, que ce soient ceux qui ont été vaincus à Berlin ou ceux qui ont gagné la bataille à Londres, Paris ou aux Etats-Unis.” extrait p.216
“N’était-il pas possible que les gens se développent et deviennent civilisés sans être victimes d’oppressions, de restrictions de libertés intellectuelles et sans être conduits comme des esclaves ? Fallait-il obligatoirement qu’ils deviennent des mécréants pour acquérir le savoir ?” extrait p.217 ¹
Ce peuple a été et est encore très éprouvé, mais nullement victime.
Quelle est donc la situation du peuple Ouighour aujourd’hui ?
“À la fin des années 1990, les Tibétains et les Ouïghours, qui avancent en parallèle dans leurs rapports avec le pouvoir chinois, ont connu une répression. Les Ouïghours désirent protéger leur identité dans tous ses aspects, de façon plus brutale que les Tibétains. Il va y avoir des affrontements violents avec les autorités chinoises”, rapporte Marie Holzman.
En juin 2009, un conflit opposant des ouvriers Ouighours et Han -le groupe ethnique chinois majoritaire- conduit à des émeutes violentes entre les deux ethnies. Le gouvernement chinois s’empare de l’évènement : “A partir de ces émeutes, les autorités chinoises ont dit que les Ouïghours étaient des terroristes, et qu’il fallait éradiquer le terrorisme, d’où une répression qui n’a fait que grandir”, toujours d’après Holzman. ²
D’après le Uyghur Human Right Project, basé à Washington, depuis 2014, le gouvernement chinois place les Ouïghours dans des camps d’internement, euphémiquement appelés “camps de rééducation” par les autorités chinoises. Ces installations sont le théâtre de pratiques abjectes, incluant de la torture psychologique à tous les niveaux, des stérilisations forcées ou encore l’imposition de l’adhésion au parti communiste chinois. En somme, ces méthodes ont pour objectif le dépouillement de ce peuple de son identité culturelle et religieuse tout en s’inscrivant dans une stratégie visant à provoquer son extinction planifiée par le biais des stérilisations forcées.
Ces atrocités sont évoquées dans le livre, dès 1930…
Depuis 2017, le gouvernement chinois a ciblé de manière systématique et généralisée les Ouïghours et les musulmans turciques du Xinjiang. Il s’est rendu coupable de détentions arbitraires massives, d’actes de torture, de disparitions forcées, de surveillance généralisée, de persécution culturelles et religieuses, de séparation de familles, de travail forcé, de violences sexuelles et d’atteintes aux droits reproductifs. En 2021, Human Rights Watch a qualifié ces exactions de « crimes contre l’humanité ». ³
Ce n’est que le 20 janvier 2022, que l’Assemblée nationale reconnaît le génocide et les crimes contre l’humanité que subissent les Ouïghours. ²
La reconnaissance du génocide et des crimes contre l’humanité subis par les Ouïghours n’a eu lieu que le 20 janvier 2022, presque un siècle après les faits. Cette reconnaissance, bien que tardive, semble motivée par des intérêts politiques, servant d’instrument à des acteurs tels que les États-Unis, l’Union européenne et l’Angleterre pour attaquer idéologiquement et politiquement la Chine au moment opportun.
Cependant, cette reconnaissance des crimes de guerre apparaît davantage comme une façade visant à donner l’illusion d’un changement. Elle n’a d’ailleurs pas dissuadé la Chine de persévérer dans ses actes barbares sans subir aucunes conséquences.
En novembre 2022, Ma Xingrui, le Secrétaire du Parti communiste au Xinjiang, a affirmé son engagement à poursuivre les mesures « antiterroristes et de maintien de la stabilité », à exiger « l’intégration pleine et entière des différents groupes ethniques » à la nation chinoise ; à « siniser » l’islam pour le conformer aux « valeurs socialistes », et à renforcer le contrôle culturel et idéologique de la région. ³
Ces déclarations soulignent la persistance de la Chine dans la perpétration d’actes répréhensibles malgré les appels internationaux.
Aujourd’hui de nombreux témoignages de survivants des camps sont disponibles, que ce soit à travers des livres ou sur internet.
Que ce soit pour le peuple Ouighours, pour le peuple palestinien, ou pour tout peuple persécuté ou opprimé, le musulman se doit non seulement de dénoncer l’injustice, mais également de ne pas rester passif et spectateur des exactions et de l’horreur. En ces temps difficiles nous sommes mis à l’épreuve.
Najîb al Khîlânî nous adresse des paroles puissantes à ce propos :
“_ […] Pour imposer à nos adversaires le respect de notre religion, nous devons, nous les musulmans, faire du Coran notre guide. Le Coran garantit notre bien-être dans ce monde et dans l’Au-delà. Par Allah ! Les ennemis n’ont pu nous dominer et nous imposer leur joug que parce que nous avions abandonné notre religion et avions jeté le Coran derrière nous.” extrait p.25
“_ Les clés de la victoire, vous les connaissez : la patience et la résistance, […]. Il n’y a rien à ajouter à ce qu’a dit notre Prophète Muhammad. Voyez ! […] Tout ce que je sais c’est que des peuples sans honneur sont des morts même s’ils mangent, boivent et respirent. Ne vous bornez pas à désapprouver le comportement de l’ennemi, mais pleurez aussi votre négligence et désapprouvez votre résignation. Saisissez-vous ?” extrait p. 23-24 ¹
Ô Allah, Le Tout-Miséricordieux, Le Très-Miséricordieux, fait miséricorde à ce noble peuple croyant et à tous tes serviteurs persécutés ici-bas ! Qu’ils Te retrouvent avec la paix dans leur cœur et l’ultime récompense que Tu as promise à tout martyr… amine.
Références :
- L’histoire des Ouighours, Najîb al Khîlânî.
- Geo.fr Comprendre la répression des Ouïghours par le régime chinois, DELPHINE LE FEUVRE ; 20/01/2022.
- Hrw.org Chine : Crimes contre l’humanité incessants visant les Ouïghours. L’assimilation forcée continue, un an après la publication d’un rapport clé de l’ONU sur le Xinjiang.
Soumia.
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